40 Mercer

  • New York, États-Unis
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Situé à l’angle de Mercer, Grand et Broadway, les logements résidentiels 40 Mercer, devaient à l’origine être un hôtel. Après le 11 Septembre, le programme a changé pour des logements, mais les bases de mon projet étaient là, fondées sur des propositions inspirées par les qualités qu’offrait le site. Celui-ci a la particularité de comporter trois côtés libres, une occasion rare à New York. La décision la plus évidente aurait été d’appuyer le bâtiment contre le mur voisin, mais j’ai préféré l’en écarter et créer un jardin.

 

Les immeubles voisins sont exemplaires de l’architecture industrielle de SoHo. J’ai analysé leurs proportions, la composition des façades et les matériaux, pour produire une architecture résolument contemporaine mais qui ne cherche pas à se différencier, qui souhaite au contraire se fondre pour mieux révéler les qualités de son environnement.

 

Les proportions des deux volumes superposés qui composent le bâtiment sont calibrées sur celles des bâtiments proches : le volume inférieur, la base, prend la hauteur moyenne de ses voisins directs, alors que le volume supérieur, la tour, est de même hauteur et de même largeur que le Broome Building à l’extrémité Nord du bloc. Une sculpture de lames de verre bleu coiffe la tour côté Est, en écho à la corniche du Broome.

 

J’ai ensuite recoupé la base verticalement par une faille, qui marque le passage de Mercer à Broadway, des façades de brique rouge aux façades peintes en blanc, gris ou bleu, de l’élégance calme de SoHo à la frénésie de Broadway.

 

L’écriture d’ensemble est celle d’une structure métallique tramée gris sombre. Mais les différentes parties prennent divers aspects suivant leur position dans le site : les façades de l’aile Ouest côté Mercer sont composées à partir de larges baies vitrées horizontales et habillées à l’angle de verres rouge sombre ; côté Est, la trame des façades est plus serrée, ponctuée de fenêtres à guillotine inversée et de verres bleu nuit. La Tour est plus lisse et ses allèges brillent au soleil ; deux séries de fenêtres coulissantes extra larges rompent la continuité, rappelant des portes de garage et transformant les salons en loggias.

 

La façade arrière du bâtiment suit une trame régulière de panneaux opaques ou transparents rappelant les murs mitoyens en brique du quartier.

À l’intérieur, une dizaine de typologies d’appartements, du deux pièces au duplex de plus de 300 m², projettent leurs occupants au cœur de cette ville à la saisissante beauté. Si dans les étages inférieurs, les façades voisines forment un papier peint rêvé dans les baies vitrées, chaque cadre trouvant naturellement sa correspondance dans la trame qui lui fait face, c’est tout le skyline du Downtown Manhattan qui s’offre aux appartements de la tour. Mais c’est aux cinq sens des habitants de 40 Mercer que j’ai voulu m’adresser : qu’ils ouvrent les immenses fenêtres et ils se plongeront pour un moment dans le bruit des sirènes, échapperont à l’air conditionné pour sentir le vent du large, quitteront l’atmosphère protectrice de leur loft pour s’offrir les parfums de Canal Street. Manhattan, l’île-monde qui s’étale à leurs pieds.

 

 

Jean Nouvel