Fiera di Genova – Pavillon B

  • Gênes, Italie
Retour aux archives des projets

  • Slide 0
  • Slide 1
  • Slide 2
  • Slide 3
  • Slide 4
  • Slide 5
  • Slide 6
  • Slide 7
  • Slide 8
  • Slide 9
  • Slide 10

Capter le mouvement

 

C’est simple. Trop simple pour être si simple.

 

C’est d’abord un plan, un plan bleu, trop bleu. Ce bleu ciel des photos sous exposées ou des débuts du cinémascope… Ce plan est évidemment un toit, il se lira depuis la ville, depuis la voie routière qui le longe, comme une abstraction, un immense miroir bleu rectangulaire dans lequel se reflète ou le bleu du ciel ou les nuages qui évidemment bleuissent sous la pluie ou dans la grisaille. Ces nuages impressionnent sur le miroir un lent mouvement atmosphérique.

 

À l’intérieur ce n’est pas à première vue beaucoup plus compliqué : deux grands halls orientés sur la mer. L’un sous le plan toiture est une terrasse couverte, totalement ouverte sur le port. L’autre est le prolongement du quai dans le bâtiment, lui aussi totalement ouvert. Quand je dis ouvert, il faut comprendre entièrement vitré, mais aussi largement ouvrable quand le vent et la température le permettent. Ces deux grands halls sont sous deux miroirs qui évoquent la surface de la mer. L’un est constitué de vaguelettes comme la surface irrégulière de l’eau du port pareil à ce léger clapot qui « cabosse » la mer. L’autre est rythmé par de longues vagues parallèles au quai, la variation de l’amplitude de l’onde crée une sinusoïde décroissante en se rapprochant du port. Ces miroirs diffractent, reforment la vie des expositions qu’ils couvrent mais aussi, sur une moindre surface, les bateaux du port…

 

Dans le premier, il y a quelque chose de l’ordre du kaléidoscope dont le principe géométrique est perturbé par l’aléatoire, dans le deuxième on trouve, sur des rythmes parallèles, l’allongement courbe des images comme sur les carrosseries ou les pare-chocs de voiture.

 

Sous le premier miroir l’éclairage est assuré par des lampadaires « pluggés » dans le sol qui, ça va de soit, ne touchent jamais le plafond. Sous le deuxième, les projecteurs sont dans les vagues, dans les replis ou derrière des miroirs sans tain. Ces deux systèmes créent des éclats de l’ordre des fameux reflets d’argent dont le soleil gratifie la mer. Depuis le port, depuis le quai, de l’extérieur, les expositions créent un double spectacle de reflets dynamiques, multicolores, mouvementés.
Le restaurant, lui, s’étire sur la limite entre port et expositions bénéficiant de la sérénité de la vue des bateaux, ou, selon les regards, des éclats dynamiques des événements.

 

Bref, tout ceci est une histoire de questionnement et de destruction de la matière, une histoire « de jeux d’optique prestigieux, de tourments délicieux des yeux » à l’échelle du territoire.
Ces sensations sont mises au service de l’attractivité et du prestige du lieux : les pavillons d’exposition, eux aussi, doivent aimer le spectacle.

 

 

Jean Nouvel