Hôtel Saint-James

  • Bouliac, France
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Selon Anthelme Brillat-Savarin, gastronome du XIXᵉ siècle, « l’hôte est responsable de son invité pendant tout le temps où celui-ci est sous son toit ». Lorsque le restaurateur Jean-Marie Amat à Bouliac fit appel à Jean Nouvel pour agrandir son restaurant et construire un petit hôtel, il devait sans doute avoir ce précepte en tête. La solution de Nouvel intègre ces deux éléments tout en reconnaissant à l’invité une individualité. Ainsi, il n’y a pas deux plans de chambre identiques dans l’hôtel. Les chambres sont simples et peu nombreuses, les lits y sont relativement élevés et permettent de jouir de la vue par les fenêtres. L’hôtel est situé dans un petit village, près d’une église à tour carrée, et surplombe les vignes de la vallée de la Garonne.

 

L’hôtel est constitué de quatre petits bâtiments de deux étages au plus. L’hôtel Saint-James est une rareté parmi les projets de Nouvel, dans la mesure où il n’est pas situé dans un cadre à forte densité urbaine. Mais les façades des bâtiments créent leur propre densité. Les intérieurs ont des sols de béton brut, des murs de plâtre ciré : pas de moulures ou de décorations. Les fenêtres sont encadrées de métal gris qui est également employé comme revêtement des surfaces non vitrées. Certaines grilles de métal sont fixes, d’autres mobiles et peuvent être levées ou inclinées pour laisser entrer la lumière et découvrir la vue. Ces effets de superposition fonctionnent également de l’extérieur. Les grilles externes ont une teinte délibérément rouille (réminiscence des séchoirs à tabac traditionnels dans la région) révélée sous la texture et la couleur du revêtement gris ou du verre donnant sur les intérieurs nus. Les formes extérieures des bâtiments traditionnels, y compris les toits, sont simples et dépourvus de auvents, hormis un unique toit-terrasse plat. Pour la brasserie, des grilles verticales se transforment en pare-soleil horizontaux grâce à un simple drap blanc tendu en dessous. L’un des côtés est ouvert sur toute sa longueur ; le long de l’autre côté, des colonnes de pierre sont habillées de végétation grimpante. Nouvel a conçu les chaises et les tables de l’hôtel à partir de principes élémentaires : « Que doit être une chaise ? Une assise et des pieds, un dossier et des accoudoirs, c’est suffisant« . Il a créé des formes simples sur une structure en tubes de métal chromés, de coussins arrondis tendus de tissus blancs, déhoussables et facilement lavables. Le mobilier a un aspect vaguement fragile mais possède aussi un air de simplicité distingué en phase avec le lieu et sa situation.

 

 

Conway Lloyd Morgan, extrait de Jean Nouvel : Les Éléments de l’Architecture, Adam Biro, 1999