Aménagement des bords de Seine – SEMNA

  • Nanterre, France
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L’indispensable équilibre

 

Depuis des siècles et plus encore depuis les dernières décennies, les grandes décisions d’orientations urbaines concernant Paris et son agglomération ont été prises à l’échelon de l’Etat et imposées aux communes dites suburbaines.

 

C’est peu dire que de constater, avec un peu de recul historique, que de nombreuses décisions ont été basées sur des erreurs d’analyse et de prévision (par exemple, le schéma directeur des années 60 prévoyait un Paris de 20 millions d’habitants à la fin du siècle, et en déduisant les grands axes, les villes nouvelles et les grandes zones construites, nous serons environ 11 millions…)

 

Une logique de la juxtaposition construite et de l’urbanisme d’un territoire distendu s’est alors imposée…

 

L’annonce d’une future ville nouvelle au Nord de Paris a montré que la conscience des erreurs passées n’est pas claire et que, malgré la décentralisation, l’agglomération parisienne reste le lieu des décisions centrales.

 

Le cas de Nanterre est significatif.

 

Personne ne peut mettre en doute le fait que les actions de cette importance doivent être menées dans le respect des villes concernées et doivent être l’occasion d’une amélioration des conditions de vie des habitants, sans ajouter au chaos actuel en termes de discontinuité des territoires, de nuisances et de hiatus construits.

 

Pour éviter qu’une fois encore une fois les grandes décisions soient prises essentiellement en fonction des enjeux de pouvoir central, la ville de Nanterre, informée par son expérience de la complexité des paramètres urbains, m’a demandé, en qualité d’architecte urbaniste, d’étudier une proposition basée sur l’indispensable équilibre du développement harmonieux de Nanterre et de la résolution des contraintes extérieures.

 

Cette proposition n’a pas pour but d’aller obligatoirement à l’encontre des grandes options étatiques présupposées, mais elle est pour assurer l’avenir et l’identité de Nanterre.

 

L’exemple de l’axe, dit historique, est caractéristique.

Prolonger à la Ferdinand Lop les Champs Elysées jusqu’à la mer est un non-sens : le relief et la dalle de la Défense rendent la perception de cet « axe » impossible.

 

Par contre, une logique construite a été amorcée. L’Arche est un point de repère. Des terrains libres existent précisément sur cet axe.

 

Renverser le principe : au lieu de vouer l’axe à une coupure venant de Paris pour une autoroute ou une avenue, faire pénétrer l’eau et la verdure pour valoriser dans le prolongement de la base de loisirs, les logements et l’université, pour créer une identité et la conscience d’un lieu, c’est utiliser les spécificités d’une situation, la présence de la Seine et l’opportunité d’un territoire encore vierge.

 

Une ville se fait par concrétion, par stratification avec le temps. Chaque époque de son édification est respectable.

 

Rien ne serait pire que de se servir des immeubles d’aujourd’hui comme faire-valoir. Chaque bâtiment proposé l’est dans un rapport d’un environnement existant.

 

Je propose une règle urbaine basé sur la création de microclimats : les nouveaux immeubles deviennent la limite construite de mondes intérieurs où se confrontent le dialogue, l’architecture d’hier et d’aujourd’hui. Occasions de mixités, de découvertes, de surprises.

 

La base de loisirs où la végétation est protégée et développée le long du canal vers le parc André Malraux, devient un lien entre les différents quartiers. La vocation et la densité des nouveaux immeubles édifiés dans des zones promises à un inévitable bouleversement sont à préciser, en sachant que seules ces surfaces construites permettent de résoudre les problèmes liés aux contraintes extérieures.

 

Ce projet est à la fois une bouteille à la Seine et une perche tendue à tous eux qui veulent doter ce quartier du Grand Paris, des complexités, des contradictions, des surprises qui font naître le génie d’un lieu.

 

 

 

Jean Nouvel