Centrale de ventilation « L’État des choses »

  • Nogent-sur-Marne, France
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QUE FAIRE ?

 

La traversée sous la Marne… l’usine du port… un chantier colossal… des dispositifs étonnants révélateurs de l’intelligence technologique de l’époque… il n’en restera rien de visible… l’automobiliste n’aura pas conscience de passer sous la rivière… un tunnel, c’est un tunnel…

 

La Marne. Lieu de nostalgie. Il y a un siècle, c’était la nature pure. La campagne au bord de l’eau : les bords de Marne… les guinguettes… mais que sont-ils, mais que sont-elles devenues ? Un rapide constat montre que tout le monde se contente du souvenir… et oublie la réalité moins poétique d’aujourd’hui.

 

Que peut l’artiste ? Que peut l’architecte ? Peuvent-ils se servir de cette triple potentialité :

  1. La présence du franchissement et de ces lieux annexes (usine du port en particulier)
  2. La belle présence de la Marne qui n’est pourtant plus une simple rivière au milieu des arbres
  3. La beauté provisoire d’un chantier, la poétique de l’instant et de l’éphémère ?

 

Il faut redouter le geste creux, le vide de sens ! Ce lieu a une mémoire. Il faut avoir peur de l’esthétisme narcissique de l’œuvre qui oublie où elle est et qui se pavane pour les plaisirs de l’artiste et du commanditaire.

Le symbole peut-il suffire ? Exprimer le franchissement… soit… et après ? Exprimer l’usine… soit… c’est une usine… et alors ? Le sens. Il nous faut du sens. Si on vient dans ce lieu, qu’y voir ? Que verrions-nous par ailleurs ? Quelle est sa personnalité ? Comment la révéler ?

 

Nous sommes sur le super périphérique de Paris, à la jonction d’une des principales autoroutes… Monde de la périphérie, de l’automobile, du quotidien. Monde du signe banalisé, d’une modernité tellement vécue qu’elle en est gommée, oubliée… Amnésie. Nous avons de fabuleux donc d’amnésie et non de voyance… Que veut-on de sa voiture, du « périph »… depuis l’autoroute… depuis le pont ? Les phares… les feux rouges… en sommes-nous conscients ? Est-ce beau ? Est-ce moche ?

 

Nous sommes sur les bords de Marne… bateaux de plaisance… pont routier et de chemins de fer, autoroute à proximité… pourtant la Marne est toujours verte… Peut-on vivre les bords de Marne dans une esthétique d’aujourd’hui ?

 

Cet univers de chantier est d’une beauté étonnante… Personne ne la voit cette beauté… Nous pensons à Peter Brook, à Bob Wilson… Nous pensons à Wim Wenders… Ce lieu est théâtral, cinématographique. Ce lieu est multiple.

 

Nous ne supportons pas l’idée qu’il puisse être vide… qu’il faille ouvrir la porte d’une fosse (technologique) pour visiter l’usine du port… aucun intérêt !

 

Comment faire vivre ce lieu… Comment vivre ici ? Avec l’usine ? Dans l’usine ? Sur l’usine ? Sur la Marne ? On nous demande un signe, une œuvre… Peut-on vivre un signe, une œuvre ?

 

IL FAUDRAIT 

 

  • Traduire le monde de la périphérie dans toute sa poésie, celle de la nature et de l’asphalte, de l’usine et de l’eau, de la lumière et de la nuit.
  • Utiliser la Marne. Son souvenir. L’habitude et l’envie des Parisiens d’y venir y boire et y danser.
  • Garder un tant soit peu de la poétique de ce grand chantier. Retenir le temps.
  • Faire de ce lieu privilégié un endroit de vie, développer sa forte identité et en faire profiter Nogent, la Marne… toute la région.
  • Étonner pour attirer

 

(…)

 

 

Jean Nouvel