Centre national islandais de Conférences & Concerts

  • Reykjavík, Islande
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Hljodaklettur : la voix de la roche

 

Voici une île. Remarquable à tous points de vue. Un climat septentrional que n’épargnent ni le froid, ni le vent, ni la pluie. Une situation géographique où les saisons alternent obscurité et lumière. Une topographie volcanique récente. Un océan. Et une lumière que tous s’accordent à trouver magique. Rien au monde ne peut être comparé à cette île, à ses rochers déchiquetés et moussus, à ses tourbières et ses torrents sauvages, au jaillissement de ses sources sulfureuses ; colère d’Helka.

Voici une nation riche d’un patrimoine ancestral, habitée par des mythes d’origine et des légendes nordiques, qui jouit d’une langue riche et exacte.

 

Voici une ville et un port, Reykjavík, surgie des eaux froides de l’océan et des sources chaudes du sous-sol, vibrante d’une jeunesse enthousiaste qui se frotte à la fine fleur des artistes, des musiciens, des comédiens nationaux dans divers lieux culturels urbains.

 

Cette nation, cette ville, s’investissent dans une grande cause, une grande ambition : bâtir un nouveau centre culturel apte à satisfaire les publics nationaux et scandinaves et à attirer des visiteurs venus du monde entier. Ce projet vise à attirer vers Reykjavík les mélomanes, au même titre que Bayreuth, Salzbourg, Lucerne, le Met, la Scala, la Philharmonie de Berlin. Il s’agit d’offrir à un public exigeant non pas un, mais deux instruments musicaux parfaits.

Un centre de conférences et un hôtel de première classe s’intègrent au projet. Adjacents à la salle de concert, ils accueilleront des événements politiques, scientifiques, culturels et des congrès d’affaires, animant ainsi la vie du complexe en toutes saisons.

Un site exceptionnel, au point de rencontre de la ville, du port et de l’ocean est préservé. L’ambition déclarée est de mettre Hljodaklettur sur la carte du monde dès l’inauguration du bâtiment.

 

Créer un nouveau jalon architectural n’est pas un mince défi. Cette architecture doit se distinguer des bâtiments marquants de Singapour, Shanghai, Milan ou New York, Valence ou Tenerife. Chaque projet doit s’adapter à un contexte. À défaut, nul sentiment d’intégration, nul lien émotionnel, nulle fierté d’appropriation ne peuvent advenir. Ce projet ne pourrait exister nulle part ailleurs. Hljodaklettur appartient au site. Original, oui, unique, sans aucun doute. Mais surgit du sol islandais dans lequel il s’ancre.

 

Ici, nous réinventons un paysage d’une totale modernité, neuf, artificiel et qui épouse la silhouette familière des crêtes montagneuses en usant les matériaux locaux – les rochers et les pierres, le basalte et la lave rouge, les mousses et les lichens – dans une démarche mimétique feinte. Feinte, car ces matériaux naturels se mêlent à ceux issus de l’industrie humaine : le verre dans ses différents états et couleurs, l’aluminium satiné recouvrant les petits bâtiments de l’hôtel dont les formes et les matériaux font écho à ceux de la ville voisine. Ce frottement entre nature et artifice se poursuit en contrebas de la colline : les espaces publics sinueux utiles aux différentes fonctionnalités du programme évoquent une grotte lumineuse aux parois ondulantes recouvertes de lamelles de bois, aux planchers doucement inclinés. Les éléments fonctionnels sont traités avec un soin tout particulier. Sertis telles des gemmes dans une gangue brute, ils n’en semblent que plus confortables et plus raffinés.

 

Hljodaklettur est un objet-paysage montrant ouvertement ses contrastes et ses contradictions. Lieu de haute culture et de détente, familier et étrange, mystérieux et ouvert, simple et sophistiqué, il est opaque, lumineux, modeste, aristocratique et suscite la curiosité. Comme son nom même : Hljodaklettur, la voix de la roche.

 

 

Jean Nouvel