Centre de congrès et de loisirs

  • La Corogne, Espagne
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Le quai

 

La Corogne n’est pas seulement un port. C’est un port de l’extrême. Une pointe continentale au milieu de l’océan. Et la poétique du lieu vient de là. De ce que l’on sait, de l’imaginaire. Imaginaire déclenché par le quai, les bateaux, et leur territoire terrien : le port.

 

Aller construire un complexe d’activités, de rencontres et de commerces sur le territoire du port ne doit pas se traduire par un affaiblissement du port, une amputation du port, mais au contraire par une amplification du port.

 

Nous proposons de ne pas construire un programme urbain sur le territoire du port, mais bien de continuer à construire l’histoire du port.

 

Pour cela nous gardons lisible le territoire portuaire, son enceinte, le mur et la grille, son sol de ciment et d’asphalte, et l’architecture proposée est dans son implantation, ses matériaux, l’expression d’une machine portuaire dictée par une logique programmatique et une efficacité qui crée la beauté des quais : portiques, monte-charges, ponts roulants, éléments mobiles de grande échelle. Les couleurs sont récoltées, ce sont celles qui sont déjà arrivées dans le port…

 

Ainsi nous créons une galerie de 200 mètres de long, de quinze à vingt mètres de haut. Fermée le plus souvent par d’énormes portes coulissantes, structures métalliques vitrées équipées de grands stores.

 

À l’intérieur, de grands conteneurs rigoureusement implantés abritent commerces et restaurants. Chaque restaurant a une terrasse protégée et une vue sur le port et les bateaux. Les cinémas sont regroupés sur une rue inscrite dans l’épaisseur du quai : on y accède à travers une brasserie et la perspective créée aboutit à une sorte de grand radar qui lentement tourne pour montrer images et messages du programme.

 

Le Centre de congrès et ses trois salles sont situés au-dessus, portés par le portique, il jouit d’une vue sur l’ensemble du territoire.

Il est conçu comme un espace d’accueil flexible, les salles pouvant s’ouvrir sur la grande galerie et sur un espace appelé place des écrans, où peuvent s’organiser tout type de manifestations festives ou commerciales polarisés sur un ou deux écrans géants. Ce sont des rencontres autour d’un match de football retransmis, c’est de la musique, c’est un congrès d’ampleur exceptionnelle, ce sont de grandes fêtes populaires…

 

D’autres éléments de programme, sportifs (gymnase), culturels (expositions) ou commerciaux (bowling, casino) sont programmés ou programmables en synergie avec le centre de congrès au dessus de la galerie. L’ensemble étant évolutif.

 

L’échelle est portuaire, c’est celles des grandes galeries, des docks. Il n’y a pas de concurrence entre l’échelle d’un dispositif portuaire et celle des bâtiments de la ville. Au contraire une poétique nait de cette rencontre qui renforce l’expression et la présence du port. Et la vue n’est pas occultée pour le piéton ou les immeubles, puisque le « quai » est couvert ouvert, les murs coulissants sont vitrés : vues et transparences demeurent à l’échelle du piéton, de l’automobiliste ou de l’habitant.

 

Cette nouvelle machine portuaire est attractive pour les visiteurs qui descendent des grands bateaux. Une galerie terrasse les accueille et les conduit au « quai », nouveau lieu symbole de la ville.

 

Ainsi la ville renforce le port, le port renforce la ville. La Corogne affirme une image de port de l’extrême. C’est dire l’importance stratégique de ce nouveau programme, si ce dernier est conçu autrement qu’un bâtiment public, générique, en étant un peu plus qu’équipement de congrès, exposition, sports et commerces.

 

Plus que jamais, c’est le génie du lieu qui peut transcender la situation.

 

 

 

Jean Nouvel