Centre International de Congrès Vinci

  • Tours, France
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Équilibre et synergie

 

Les contraintes sont nombreuses et fortes. Tout conduit vers une solution d’habillage dans un gabarit donné.

 

Hauteur, limites imposées, alignements, prospects, serions-nous amenées par la force des choses à une architecture d’accompagnement, dans le sens le plus mièvre du terme, avec un programme comprimé dans une enveloppe réduite ?

 

Tout notre travail, sur le contexte ou plutôt – les contextes – la place Général Leclerc, la rue Palissy, le jardin de la préfecture, la gare de Laloux a été d’échapper à une sorte de fatalité qui nous conduirait à subir une situation, et à sortir ce terrain de son statut plus ou moins résiduel.

 

C’est un travail sur la spécificité d’une ville, d’une situation urbaine et d’un programme. Un travail d’équilibriste qui prend en compte les différents vis-à-vis et les différentes perceptions. La contradiction est entre le programme et ce qui doit devenir une pièce urbaine majeure et le statut domestique d’un terrain qui appelle plutôt une non existence, tant la présence et la situation de la préfecture, de la gare en font les points majeurs et incontournables du lieu. Comment exister aussi avec eux, à leur coté sans leur nuire, comment conquérir un poids équivalent en les renforçant dans une synergie absolue. Pour cela nous nous sommes appuyés sur toutes les caractéristiques, les anomalies du site.

 

C’est d’abord un problème de paysage. On ne peut pas créer là un objet massif, posé, d’une géométrie approximative qui viendrait maladroitement s’imposer uniquement par sa taille. Il faut conserver aux angles rue Palissy, rue Buffon, rue de Nantes, rue Edouard Vaillant, leurs qualités de jalons, de cadrage. En conséquence, le nouvel objet doit être d’une autre nature : plus légère, plus outrée.

 

L’échelle de la rue Palissy est un paramètre essentiel puisque nous allons créer un vis-à-vis. Pour le piéton il fait retrouver dans l’architecte du centre de congrès une correspondance.

 

Vu du boulevard et de la gare, le centre de congrès doit se lire comme une pointe, un cap en interférence avec le parc comme une invitation à entrer. Du côté du parc, ce dernier prolongera son sol par le nouveau bâtiment. Pour le piéton, c’est une transparence qui se crée entre la rue Palissy et le parc. Il est invité à rentrer.

 

Du côté de la rue Palissy, on peut se promener à couvert en suivant une façade vitrée qui est spectacle sur l’intérieur du centre. Cette façade est constituée de multiples séquences à l’échelle du parcellaire de la rue. Depuis le boulevard, c’est une avancée en porte-à-faux qui crée un appel, une invitation. La place couverte peut être lieu d’animations. L’ensemble du parc (de la gare, à la préfecture) doit être rendu lisible dans sa longueur et sa profondeur. Nous proposons de planter en face du centre, de façon nette et dense pour créer un front vert. L’espace essentiel laissé vide est interférent avec la place couverte.

 

De nouvelles grilles sont créées pour séparer le jardin privé de préfecture et pour accompagner, unifier le lieu sur ses limites. Depuis la place couverte on lit le ventre et le développement en profondeur du centre. Trois salles suspendues, gris métallisé anthracite, capotées ; on lit aussi les accès. Ces salles sont sous un grand toit, un peu arrondi dont le gris anthracite s’harmonise avec les ardoises de la Loire.

 

On découvre la symétrie et l’organisation rigoureuse de l’ensemble, tout s’enchaîne, s’emboîte. Des courbes amènent en partie Nord à intégrer doucement la cage de scène dans une logique formelle très cohérente.

 

Vu de loin, de profil, c’est le caractère nerveux et acéré de l’édifice qui frappe, son côté surbaissé, horizontal. Le débord des auvents crée des ombres et les grands vitrages abrités par ces auvents laissent voir les salles comme des inclusions.

 

Des escaliers croisés sont suspendus symétriquement. Ils se lisent comme des lampions. Le soir, la lumière vient du noyau central et une superposition de trames et de matières rend mystérieuse la source de cette lumière.

 

Les trois salles se lisent clairement séparées par des failles transparentes. Des escalators décalés, sur une ligne brisée, sur les flancs conduisent aux salles, mais aussi au grand espace exposition, plateau de 4000 m² sous le toit.

 

Près de la pointe, c’est le restaurant qui bénéficie de la position stratégique de la proue.

 

Les accès techniques se font de façon invisible depuis les parkings situés sous la place de la gare.

 

Paradoxe de simplicité externe et de complexité interne, de compacités et de transparences, de symétries et de réponses diverses au parc et à la rue, le centre des congrès de Tours se développe sur le fil de ces contradictions avec nous l’espérons naturel et évidence : il est fait pour être là.

 

 

 

Jean Nouvel