Collège Anne-Frank

  • Antony, France
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Le collège d’Antony est exemplaire a plus d’un titre : il témoigne de la volonté de Nouvel de développer une architecture critique qui dénonce les aberrations d’un système ; il ouvre la voie à une esthétique moderne qui trouve les sources dans l’avant-garde des arts contemporains : le projet a recueilli préalablement l’adhésion des enseignants et parents d’élèves. Contraint par la politique des modèles industrialisés suivie par l’Éducation nationale d’adopter un mécano constructifs composé de cinquante pièces, Jean Nouvel en retient trois : un poteau, une poutre, un panneau de façade. De ces éléments dont la combinatoire est supposée ménager de la flexibilité, il déduit un plan raide et académique. La répétitivité de la trame engendre un motif décoratif que Nouvel colorie et dont il sature les façades. Comble de l’hérésie, la structure affirmée de l’atrium d’entrée se révèle inutile.

 

Au cadre digne et ampoulé de la pédagogie traditionnelle, Nouvel substitue un univers ludique et plus en phase avec l’univers « ado » sans doute qu’avec celui du corps enseignant : espaces zébrés de néons colorés, parpaings rudes des parois marqués au pochoir de nombres mystérieux, simulacres de statuaire antique nimbés de rouge dans une esthétique violente qui procède à la fois de la discothèque du samedi soir et de certains aspects de l’art conceptuel ou de l’arte povera dans la jubilation d’une architecture retrouvée de l’architecture.

 

 

Olivier Boissière in « Jean Nouvel« , Ed. Terrail, Paris, 2002