Centre médico-chirurgical du Val-Notre-Dame

  • Bezons, France
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Vitesse de croisière : zéro

 

Extension d’une clinique en banlieue ; celle d’un cube néo6fonctionnaliste plaqué de pierres de taille au milieu de pavillons, garages et H.L.M. dans le désordre. Un gabarit et un emplacement strictement dicté par la réglementation. Une technologie (le mur-rideau) recommandée pour regagner 50 m² utiles.

Cette extension avait toutes les chances d’être un nouveau bâtiment cubique, cette fois-ci en panneaux verriers tramés.

 

Le bâtiment est né d’une interrogation sur sa fonction sur l’attitude à adopter vis-à-vis du quartier. Sur sa fonction :

C’est un « hôtel », un hôtel d’une nature spécifique mais un hôtel quand même.

Des gens viennent ici pour quelques heures, quelques jours, quelques semaines au plus ; quelques heures pour les dialysés qui épurent régulièrement leur sang ; quelques jours pour les futures mères ou les opérés de l’appendicite ; quelques semaines pour ceux qui sont accueillis en chirurgie  « lourde ».

Le bâtiment créé doit rassurer : être « clean », « moderne », au sens populaire du terme.

Par ailleurs, il doit exprimer le fait que l’on y séjourne pour peu de temps, que ce n’est qu’un court moment à passer. D’où l’idée de le traiter comme un lieu de passages, de fréquentations provisoires, comme un hôtel, un bateau ou un train.

Les malades sont les passagers d’un court voyage.

Tout leur indique qu’ils sont ici provisoirement.

D’où l’utilisation d’un vocabulaire évoquant le voyage dans un moyen de communication sûr : le paquebot, le train.

À l’extérieur : les hublots, les mâts, les passerelles, les bastingages, la cheminée symbolisent le bateau ; les fenêtres allongées et les fins bardages d’aluminium horizontaux évoquent le Trans Europ Express.

À l’intérieur : des portes de bois aux longs couloirs à plafond cintré, des oculus ronds aux protections chromées, des meubles arrondis fixés par de grosses vis apparentes, aux éclairages uniquement situés au-dessus des portes, tout évoque le wagon-lit ou la cabine de bateau. Tout connote l’univers d’un court voyage. La masse du bâtiment, son côté « technologie bien connue » (et non futuriste) rassure. Tout indique que dans quelques jours, on sera arrivé à bon port.

 

Dans le paysage ambiant, c’est une surprise ; un objet brillant dans un univers terne. Un collage inattendu contre un bâtiment sans histoire. Pourquoi ? Parce qu’un tel quartier ne peut être fait que par une accumulation de micro-événements : ce n’est pas l’unité qui peut le caractériser mais l’intérêt de chacune des constructions.

Ce vaisseau d’aluminium raconte à chaque passant la présence d’un autre univers. Il sera ancré dans le paysage par la végétation : de nombreuses jardinières et de multiples supports végétaux favoriseront son envahissement.

 

À un autre niveau de lecture, plus architecturale, c’est une autre façon de traiter le vieux thème moderne du paquebot, sans pilotis, sans béton brut, sans structure affirmée, sans abstraction. C’est au contraire une accumulation d’éléments descriptifs connus, parfaitement lisibles comme tels (passerelles, hublots…) qui créé l’évocation.

 

 

Jean Nouvel