Stade de France – « Grand Stade »

  • Saint-Denis, France
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Le stade urbain

 

Urbaniser trente hectares aux portes de Paris doit aujourd’hui être un acte symbolique.

Symbole de l’attention portée à la revalorisation progressive de territoires malmenés naguère par l’urgence d’un développement peu contrôlé. Symbole du souci de décrypter les valeurs d’une jeunesse inquiète, trop souvent incomprise, pour qui sport, musique et rencontres sont des raisons de vivre. La banlieue devient aujourd’hui l’essentiel de la ville.

 

L’urbanité n’est pas une valeur démodée. Urbanité et modernité ne doivent plus jamais être opposées. Urbaniser c’est humaniser. Nous sommes entrés dans l’âge urbain. Nous devons assumer historiquement le stade de cette évolution, le stade urbain.

Ici se pose la question cruciale du sens que peut avoir un grand stade dans la ville. La référence à l’arène est, en termes d’urbanité, excellente. Il ne s’agit pas de créer un stade de plus, mais bien une architecture monumentale festive, donc ludique, attractive, accueillante. Qu’est-ce qui  caractérise les arènes ? D’abord l’affirmation de l’échelle, une arène ne se cache pas, ne s’enterre pas ! Elle est la fierté d’une ville dont les quartiers s’organisent en fonction d’elle. Les arènes sont rythmiques et appellent le regard en profondeur. Les vomitoires rythment les axes et le ciel. La proximité de l’échelle domestique donne sa noblesse au monument urbain, à l’opposé de la monumentalité emphatique du geste qui fait le vide autour de lui.

 

Le stade doit être urbain, lu depuis la ville à travers la ville. Cœur de ville saint des saints, il est l’aboutissement de parcours urbains, il est entouré, aimé. Urbain, il donne à voir. Noble, il participe de la mythologie du sport. Moderne, il rend compte des esthétiques fabuleuses nées du sport dans ces dernières décennies. Esthétiques qui elles aussi créent la mythologie sportive. Les athlètes, footballeurs, rugbymen, doivent être considérés comme des artistes. Le propre de l’artiste et de l’art étant de générer sensations et émotions.

Un stade urbain marque l’absolu respect du joueur donc des joies qu’il suscite. Le stade lui-même est le premier des supporters.

 

Nous proposons une solution radicale qui permet de résoudre l’angle de vision sur les aires de jeux et d’assurer l’ensoleillement de la pelouse. Notre stade n’est pas partiellement modifiable. Notre stade est 100% mobile. C’est dans ce paradoxe de mobilité lourde et de fixité, de rusticité de l’espace d’usage du public que réside, selon nous, l’adéquation de la réponse à la question posée. À cette mobilité de base s’ajoutent deux mobilités complémentaires : la toiture coulissante autorise l’ensoleillement maximum de la pelouse et des tribunes partiellement découvertes pour le confort d’été ; le dessous des tribunes est doublé d’un profil réglable à base d’enrouleurs de sangles qui s’accrochent aux sols des gradins.

Nous construisons un stade de 80, 60, 40 ou 25 mille places. L’ensemble est une symphonie de bleus. Nuances et rythmes aux couleurs de nos équipes nationales.

 

S’il est inconcevable de conditionner le stade de football de la Coupe du Monde par des contraintes extérieures, il est réciproquement aussi inconcevable de conditionner le stade olympique par le football. À commencer par la jauge. 65 000 places, c’est le minimum olympique. Imagine t-on gagner une compétition olympique en atteignant seulement le minimum de qualification ? Les cérémonies olympiques sont de celles qui déplacent le plus de public. Notre stade olympique aura 85 000 places (car nous disposons des 80 000 places de la configuration football augmentées de 3 à 4 000 places neutralisées, parce que situées au-delà des 190 mètres du point du corner et de quelque 1 000 places réparties sur les plateformes d’angle). Il intégrera des écrans géants aux quatre angles. Ces écrans sont indispensables – ainsi que l’ont prouvé les derniers championnats du monde au Japon – pour bénéficier du spectacle filmé en direct, en gros plan. Un stade olympique urbain est un stade qui peut accueillir un large public qui, de toutes les places, voit tous les détails. Quatre écrans géants, c’est dans le sens de l’histoire et c’est un record olympique.

 

 

Jean Nouvel