Musée de l’Évolution humaine (MEH)

  • Burgos, Espagne
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Le Mystère de l’origine

 

Ce lieu va parler de temps immémoriaux, d’une époque où l’architecture n’était que le choix de repères grotesques et où le territoire demeurait vierge de toute intervention. Cette architecture évoquera Atapuerca, terre d’apparence anodine où sont ensevelis quelques-uns des mystères de nos origines, site de recherches scientifiques où notre savoir le plus actualisé, nos techniques les plus pointues s’expriment par des mises au carreau de fils colorés, par des étalonnages codés et des étiquetages savants sur fond de terre ocre. Comment rendre compte de cette rencontre de deux mondes esthétiques nés de cet improbable télescopage entre modernité et éternité ?

 

Le musée est comme une résurgence dans la ville de la géographie et du paysage qui entourent Burgos. Relief identitaire entre forme et informe troué d’une grande cavité. Il est recouvert par la traditionnelle végétation d’arbustes et de petits arbres des environs. De fines structures métalliques démontables témoignent d’une activité temporaire de recherche… Une rampe rocailleuse conduit au seuil d’entrée depuis lequel on découvre, en contrebas, une place urbaine ouverte et couverte, longée sur l’un des côtés par la façade du musée, grande paroi de terre ocre quadrillée par les dispositifs des chercheurs. Des commerces, un hôtel, un centre de congrès et de spectacles donnent aussi sur la place et sur la terrasse qui la domine. Le soleil entre par un oculus plus grand que celui du Panthéon et vient se refléter dans un plan d’eau qui rejoint, sous le boulevard, la rivière. Un dispositif automatique à géométrie étoilée vient clore l’oculus, si nécessaire, réinterprétant le thème géométrique des verrières dans les voûtes de la cathédrale.

 

Depuis le centre de la place, à l’ouest, la grande ouverture d’entrée cadre la cathédrale de Burgos. La voûte aux douces formes aléatoires est d’une absolue modernité, sa finition brillante sur les reliefs courbes peut évoquer, à une autre échelle, certains effets des œuvres laquées en creux d’Anish Kapoor. Espace de lumières, d’incertitudes, de reflets et de profondeurs. Contraste entre deux esthétiques, l’une héritée de nombreux millénaires, l’autre inventée par notre siècle tout neuf.

 

 

Jean Nouvel