Opéra national de Lyon

  • Lyon, France
Retour aux archives des projets

  • Slide 0
  • Slide 1
  • Slide 2
  • Slide 3
  • Slide 4
  • Slide 5
  • Slide 6
  • Slide 7

Situé en un lieu prestigieux l’Opéra, véritable repère contemporain désignera la centralité du quartier de l’Hôtel de Ville et sera perçu en contre-jour depuis le Rhône de la même façon que la verrière du Grand Palais. Il s’affirmera simple et monumental : monumentalité du demi-cylindre de verre doublant la hauteur de l’édifice existant et simplicité d’un traitement homogène en lames de verre storées formant une voûte en berceau.

 

Cette écriture tend à renforcer l’identité de la ville dans la mise en place de signaux urbains. Le demi-cylindre pur peut être lu comme complémentaire de la pyramide de la tour du Crédit Lyonnais à la Part-Dieu.

 

La structure primaire de la voûte est composée d’arcs plein cintres laqués gris clair implantés dans l’axe des arcades de la façade conservée. Elle supporte en sous-face une première peau de verre cintré doublée en surface d’un ensemble de brise-soleil en verre sérigraphié. Le jeu de la sérigraphie, tel une dématérialisation, s’applique en dégression d’intensité suivant les incidences solaires.

 

Cette double peau, filtre d’épaisseurs superposées, favorise les mouvements d’air interstitiels et par ses dimensions (80 centimètres de passage libre), apporte une réponse aux problèmes d’entretien.

 

Chaque panne horizontale de cette structure dissimule une ligne de couleur de lumière rouge qui vient, la nuit, rythmer régulièrement la surface de la voûte.

 

Face à la place de la Comédie, le tympan ouest, en retrait derrière les muses, pan de verre tramé par des stores et des passerelles horizontales légères, laisse voir le ciel en contre-jour.

 

Sur l’arrière du bâtiment, rue Luigini, un demi-cylindre de tôle perforée grise au diamètre légèrement réduit préserve la transparence de la voûte et corrige par sa géométrie, le non parallélisme des façades du bâtiment de Chenavart.

 

L’enceinte existante en soubassement de la voûte fixe et module les effets de transparence, juxtaposition, décalage avec les nouvelles parties créées.

 

L’entrée du public par la place de la Comédie s’effectue comme auparavant au travers du péristyle, qui s’étend sur trois des faces et mesure la continuité urbaine entre l’extérieur et l’intérieur.

 

La clôture du bâtiment est assurée par un mur rideau dont le rythme vertical reprend celui des piles existantes. L’utilisation de panneaux de dimensions identiques en verre permet d’obtenir, en un traitement unitaire, les transparences nécessaires.

 

Dans l’espace maintenu de façade à façade, se glisse un réseau d’escaliers métalliques servant à l’évacuation du public. Ce système, indépendant des rythmes de l’enveloppe existante, descend des hauteurs de la salle principale.

 

Les baies existantes des façades Pradel et Serlin sont occultées par des brises soleil en tôle perforée grise ton métal, en référence au système utilisé pour la verrière.

 

Les zones d’accueil sont entièrement vitrées sur le péristyle et donc visibles depuis la rue.

 

L’accès au grand hall public s’effectue au travers de portes tambours opaques, brèves transitions avant de percevoir dans un volume évidé en périphérie sur trente mètres de haut, la plastique massive et sombre de l’enveloppe de la salle. Cette carrosserie monumentale totalement suspendue, repoussant les limites de ses accroches semble être en état de lévitation.

 

Un réseau complexe et aérien de circulations suggère immédiatement les possibilités de déplacement vers les différents corps de l’Opéra sans pour autant dévoiler les connections réellement établies.

 

La descente depuis le plateau demi-circulaire du rez-de-chaussée s’effectue, en symétrie, par des escaliers longeant le volume de l’amphithéâtre. On accède au foyer bas, où un long bar curviligne fait face au demi-cylindre capoté d’acier ; il s’agit d’une salle de deux cent places qui accueille : récitals, pièces de théâtre, concerts… et propose aux retardataires de la grande salle, la diffusion en direct sur écran vidéo du spectacle en cours quatre niveaux plus haut.

 

L’accès à la salle s’établit en un cheminement progressif alternant escalator, passerelle suspendue, escalator, platelage suspendu… l’évidence du parcours n’apparaît qu’en l’empruntant. Cette progression, créée par une succession d’approches et d’éloignements, nous conduit après le passage sous le « ventre » de la salle aux portes en permettant l’accès.

 

Nous sommes au premier niveau de la salle, situé au-dessus des péristyles latéraux, connecté aux escaliers et platelages métalliques, à quatorze mètres du foyer bas de l’amphithéâtre et sous seize mètres de paroi verticale lisse et tendue. Rattachées à celle-ci se superposent à chaque niveau supérieur les plate-formes d’accès.

 

À l’effacement des portes télescopiques par des sas acoustiques nous découvrons la salle. Objet de lutherie, écrin de bois et de cuir, celle-ci conserve le caractère convivial de la salle à l’italienne, et propose un accroissement de la jauge : de 900 à 1300 spectateurs. L’écriture frontale, par superposition de six balcons identiques, permet une complète démocratisation de la vision.

 

L’acoustique de ce nouvel espace fait l’objet d’études approfondies utilisant la simulation sur maquette informatique.

 

À l’entracte, deux foyers accueillent le public : le premier conservé dans son esprit XIX, fait l’objet d’une rénovation sophistiquée ; un sol miroir renvoie et multiplie les dorures et lumières ; le second en partie haute, situé derrière le tympan ouest, offre un panoramique sur la ville.

 

Situé sous le foyer haut, le restaurant du public avec terrasse bénéficie d’une position privilégiée : face à l’Hôtel de Ville, derrière les statues des Muses, à l’amorce de la voûte. On y accède par ascenseurs directement depuis le péristyle, cette facilité lui accordant une totale autonomie de fonctionnement.

 

Les accès du personnel seront possibles depuis les péristyles latéraux. À partir du hall du rez-de-chaussée, un complexe de circulations verticales permet l’accès aux différentes entités.

 

Situés en infrastructure, les espaces chœurs s’organisent autour du grand studio dont le volume occupe la double hauteur des niveaux -3 et -4.

 

En superstructures, contre le volume de la cage de scène, les loges des artistes transparaissent au travers de la verrière. Situés en partie haute du bâtiment, les espaces de ballet bénéficient du développement maximum de la voûte.

 

L’ensemble du bâtiment, à l’exception de la salle, est traité avec sobriété utilisant les éléments d’un vocabulaire contemporain dans un registre alterné de transparence ou d’opacité.

 

 

Jean Nouvel