The Seoul Performing Art Center

  • Séoul, Corée du Sud
Retour aux archives des projets

  • Slide 0
  • Slide 1
  • Slide 2
  • Slide 3
  • Slide 4
  • Slide 5
  • Slide 6
  • Slide 7
  • Slide 8
  • Slide 9

Quand la Nature rencontre la musique

 

Il faut faire une place à la musique internationale en Corée et, plus particulièrement, à Séoul. Je pense que c’est une excellente idée de placer cet opéra au milieu de la rivière : la nature et la musique se rejoignent, en quelque sorte. Quand on évoque la Corée, on pense aussitôt à des rochers, à des arbres, à un horizon qui se détache sur le ciel, mais aussi à l’eau. C’est pourquoi je pense que ce nouvel opéra de Séoul pourrait devenir le symbole même de la Corée, pourvu que nous parvenions à établir les liens entre l’histoire du pays, ce qui fait son essence, et la musique.

 

Cette île, aujourd’hui, est trop artificielle. Or, nous ne pouvons pas construire ce projet si le site n’est pas absolument parfait. Je sais que l’idée de départ était inspirée de l’île de la Cité, à Paris, mais je propose de tendre davantage vers une île dans la cité plutôt que vers une île de la cité. D’ailleurs, une île dans la cité pourrait tout aussi bien se trouver au milieu de la ville moderne, de la montagne, des rochers, des arbres, rappelant ainsi l’image idéale de l’identité et du paysage coréens. Je propose donc de donner à la future île de la musique une architecture mystérieuse, en parfaite adéquation avec l’image du lieu.

 

Un point essentiel reste à résoudre : il faudra donner une image positive de l’île. Nous devons travailler la profondeur du paysage, la transition entre les ponts et l’île, il faudrait en effet que l’on ait l’impression de passer dans un autre monde en arrivant en voiture sur cette île. Sur l’île, je propose des rochers et des cascades, parce que le bruit de l’eau couvre celui des voitures. Une fois à l’intérieur, on aurait également une perspective sur le paysage pour apercevoir les arbres à travers l’eau. Ce n’est pas seulement un pont qui traverse une île, mais une séquence architecturale urbaine, reliée au nouvel esprit et à la nouvelle vocation de l’île.
Cette île est un profil, celui d’un paysage urbain dans une cité urbaine.
Elle établit un contraste et l’on comprend immédiatement que cette île a quelque chose de vraiment unique, parce qu’au milieu des arbres et des rochers, l’on aperçoit du doré, une architecture très précieuse. On se dit alors : « Mais quelle est cette île ? J’ai envie d’y aller ». Je pense aussi que ce profil pourrait constituer une identité très forte pour la ville, car, dans ce cas, l’architecture est paysage et le paysage est architecture. Le contraste est lié à la matérialité de l’or, de la transparence, des rochers et des arbres.

 

Le dessin des arbres est très précis. Le contour de chaque branche, de chaque feuille, se détache sur le ciel, et la conception de cette île ne doit rien au hasard : elle suit un agencement très précis, en rapport avec d’autres lieux et des montagnes connues de tous. Nous jouerons aussi avec l’échelle, afin de donner l’impression que l’île est bien plus grande qu’elle ne l’est en réalité.

 

D’un point de vue architectural, la première chose à faire est de requalifier cette île afin de lui attribuer un caractère mythique – une première au niveau mondial, selon moi.
Toutes les grandes villes du monde, en bâtissant un opéra, créent du même coup un nouveau symbole qui les représente. Je pense que cet îlot de nature au sein de la ville moderne, au milieu de la rivière, avec son design si délicat et son paysage si précieux, son architecture en harmonie totale avec le paysage, serait une icône particulièrement puissante.

 

En quoi consistera l’architecture du site ? Sa vocation sera de placer deux instruments dans le paysage.
L’opéra est un instrument de musique conçu pour écouter la voix humaine.

 

La salle de concert est un instrument de musique conçu pour écouter toutes les musiques du monde.
Ces deux architectures seront deux emblèmes différents, des symboles dans les arbres, dans le paysage, parés de deux couleurs dorées distinctes : plus rouge pour l’opéra, plus jaune pour la salle de concert. À l’intérieur, chacun aura ses propres jeux de lumière et ses propres images : Orphée pour l’opéra ; des trompettes ou instruments de musique stylisés, plus abstraits, pour la salle de concert.

 

Dans ce paysage, on aperçoit de nombreux petits volumes dorés : une image à la fois très séduisante et très mystérieuse.

 

Ensuite, nous vous mettrons à contribution pour le programme. Je pense que ceci est très complexe. Nous pouvons déjà partir sur les deux instruments principaux et, si cette idée d’île de la musique vous plaît, nous pourrons ajouter des programmes complémentaires, comme la possibilité d’écouter de la musique en plein air, de proposer des terrasses, des bars, des activités pendant la journée. Cela pourrait devenir un parc dans la ville, le parc de la musique dans la ville.

 

Et de nuit, bien entendu, cette architecture éclairée par les projecteurs serait un enchantement. Voilà mon idée. J’ai l’ambition, pour votre ville, de créer un lieu unique au monde.

 

Jean Nouvel