Pavillon français de XLIVᵉ Biennale de Venise

  • Venise, Italie
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Deux temps et quatre mouvements

 

L’architecture est toujours une stratégie vis-à-vis du réel.

L’analyse des contraintes matérielles, temporelles, économiques conduit quelquefois sur des chemins inexplorés… et l’espoir naît quand la négativité première de certaines astreintes devient, par un renversement inattendu, la raison et l’identité d’une architecture forte et juste.

 

C’est à partir d’exigences limitant considérablement les possibles de l’architecte que s’est développé ici le plan qui conduit au futur pavillon de la France à Venise.

 

« Aucune modification des surfaces ou des volumes n’est autorisée sans l’obtention d’une dérogation au P. R. G. /…/ Il s’agit de construire un immeuble en respectant la volumétrie et la surface actuelle (délai de 12 à 18 mois). Cette dérogation peut être accordée /…/ par une procédure qui nécessite des délais allant jusqu’à trois et quatre ans… »

 

SOIT

 

Premier temps : Biennale 92

Commettre l’irréversible.

Tel Alien, un monolithe de métal jaillit au milieu du corps du pavillon actuel.

 

Deux mouvements

  • Premier mouvement : Démolition, création d’un grand vide cubique central
  • Deuxième mouvement : Constitution d’un grand monolithe d’acier abritant les salles d’exposition.

 

 

Deuxième temps : Biennale 94

Le monolithe d’acier poursuit la destruction du pavillon, se prolonge jusqu’au canal et, vénitien, ouvre sa façade sur l’eau.

 

Deux mouvements

  • Premier mouvement : Démolition des restes pitoyables du vieux pavillon qui sont concassés sur place.
  • Deuxième mouvement : Développement du monolithe jusqu’au canal.

 

 

Et tout cela en se servant du hasard lié à la topologie du lieu, le véritable joker servi par la déesse Architecture : par une rotation de 45°, il se trouve que le nouveau pavillon issu de l’incision géométrique première est perpendiculaire au canal ; et qu’un escalier, enfoui dans le sol, sur cette même angulation conserve une logique et une géométrie à l’accès principal…

 

Tout le reste n’est qu’architecture : volume simple, minimal, fonctionnel ; autorisant les utilisations multiples et contrastées que les artistes sont en droit d’attendre d’un outil d’exposition : ouvert/fermé, éclairé/sombre, fractionné/unitaire, bas/haut, simple/complexe, élémentaire/technique. Cette mutation effectuée, le vieillot pavillon néo-classique de la France s’est changé en un témoignage de la culture de cette fin de siècle dans une attitude – la façade sur le canal – qui est un hommage à Venise.

 

 

 

Jean Nouvel