Salle symphonique de la Radio Danoise (DR Koncerthuset)

  • Copenhague, Danemark
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L’architecture, c’est comme la musique…

 

Construire dans un quartier en devenir est un risque. Risque qui s’est souvent avéré fatal ces dernières décennies. Il n’est pas raisonnable de s’appuyer sur un environnement construit dont on ne peut pas évaluer le potentiel d’urbanité. Il faut raisonner en sens inverse : quelles qualités peut-on apporter à ce futur urbain incertain ? Comment peut-on, dans le pire des cas, c’est à dire presque seul, exister dans de bonnes conditions ? Au futur incertain, on ne peut répondre que par la force positive de l’incertitude : le mystère. Le mystère qui n’est jamais loin de la séduction, donc de l’attractivité. Et si le voisinage est trop neutre, il faut créer une transition, une distanciation qui n’est en aucun cas un repli sur soi mais simplement la mise en place des conditions d’épanouissement d’un territoire particulier. Bref, il faut valoriser le contexte, quel qu’il soit. Pour cela, il faut affirmer a priori une présence, une identité. Je propose de matérialiser le territoire et de lui donner l’échelle d’un équipement urbain exceptionnel. Ceci dans le respect de la géométrie urbaine programmée. Ce sera un volume laissant deviner une intériorité, un parallélépipède mystérieux, changeant selon les lumières de la nuit et du jour. La nuit ce volume deviendra lieu d’images, de couleurs, de lumières, expressions d’une vie intérieure intense.

 

L’intérieur est un monde en soi, complexe, diversifié. Une rue intérieure suit le canal urbain, accompagné de commerces, envahie par un bar restaurant. Une place couverte la domine, grand volume vide sous les écailles de bois de la salle de concert. C’est un monde de contrastes, de surprises, un dédale spatial, un paysage intérieur. D’un côté, le monde des musiciens autour de cours et de terrasses extérieures diversement plantées. De l’autre, des espaces publics intérieurs piranésiens reliant les diverses salles de musique, le restaurant, la rue. L’abstraction est envahie par la figuration. Le permanent est complété par l’éphémère. Les façades sont des filtres légers laissant voir la ville dans le lointain, le canal, les architectures voisines. La nuit, ces façades sont aussi supports d’images colorées projetées. L’architecture s’affirme par les détails, les portes, les éclairages, les plafonds, les escaliers… attentions, preuves du respect porté aux visiteurs, aux spectateurs, aux artistes. Chaque lieu devient une découverte, chaque détail une invention. Leçon retenue d’une certaine architecture qu’il ne faut pas oublier, hommages discrets à messieurs Theodor Lauritzen et Hans Scharoun…

 

L’architecture c’est comme la musique, c’est fait pour émouvoir et savourer certains plaisirs.

 

 

Jean Nouvel