Schéma directeur de Prague-Smíchov

  • Prague, République tchèque
Retour aux archives des projets

  • Slide 0
  • Slide 1
  • Slide 2

La ligne de contemplation

 

Il est des lieux sur lesquels il faut se retourner. Des villes qu’il convient de découvrir brusquement pour en être ébloui et puis pouvoir rester là à les contempler. Pour mieux les graver dans la mémoire. Il est des paysages devant lesquels on voudrait chaque matin ouvrir sa fenêtre…

 

Tout cela arrive à partir de points particuliers, ceux qu’affectionnent les cinéastes, quand au détour du chemin le héros découvre la cité de ses exploits, quand le général avec sa longue vue observe le siège de la cité, ou quand, au moment où vient s’imprimer sur l’écran « The End » l’exilée jette un dernier regard à la ville de son enfance…

 

Le relief détermine ces endroits et l’étude topographique permet précisément de les inventorier.

 

Prague, encore mieux que Rome, est entourée par ses collines, ses plateaux. Les lignes de crêtes, les lignes de cassures de pente sont faciles à détecter, et toute construction édifiée, précisément là, est privilégiée. Tout habitant ouvrant d’ici sa fenêtre à l’impression d’être le châtelain.

 

Je propose de construire ces lignes, toutes celles qui matérialisent le seuil de la découverte de la ville pour qu’elles finissent par n’en constituer qu’une, une ligne de contemplation, pointillé suivant les méandres du relief.

 

Cette ligne construite appartient à la terre et au ciel sur lequel souvent elle débouche, à la pierre et au végétal qu’elle borde et qu’elle pénètre, au centre qu’elle suggère et à la périphérie dont elle est le seuil.

 

Elle a la force et le calme de l’horizontale. Comme des fortifications inversées, elle consacre l’importance de la ville encerclée, protégée. Prague est ainsi complété par cet observatoire linéaire. De là, elle s’étend, immobile. Ces différents quartiers sont lisibles, ainsi que tous les édifices, tous ces clochers, toutes ses places. Aussi bien que sur un plan-relief. Dans un sentiment d’éternité.

 

 

Jean Nouvel