Tête Défense – « La Mise au carré de l’Horizon »

  • Nanterre, France
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Un nouvel horizon

 

Il s’agit de construire sur l’horizon. L’horizon de l’une des perspectives les plus universellement connues. La tentation de s’effacer est grande, mais La Défense est construite. Ses tours entourent le profil de l’Arc de Triomphe, de l’Étoile et, au centre, le vide devient artificiel, signe d’impuissance, d’incapacité à poser un jalon représentant l’architecture de ce siècle.
Il s’agit de mettre une touche finale à un ensemble architectural construit, parfaitement délimité par le boulevard circulaire.
Que peut-on attendre de ce point final ? Un éclaircissement ?  Un renversement de sens ?
Il s’agit de construire le Centre international de la communication, lieu fréquenté à la fois comme un musée, comme une banque de données et comme un espace ludique qui (se) donne à voir, fête de l’œil sur fond d’actualité et d’interférences internationales.

 

Mais, il s’agit aussi de construire deux ministères, lieux de travail pour des milliers de personnes qui symbolisera une attitude culturelle et politique pour le monde du tertiaire, qui marquera une évolution face à la conception déjà formulée dans les tours déjà construites.
Le thème : l’horizon. Nous ne construisons pas à l’horizon. Sur l’horizon. Nous construisons l’horizon. Un horizon fait de ciel, de lumière, de soleil couchant, un horizon changeant, variable selon le temps, la distance, la conscience, le regard.
Il s’agit de fondu-enchaîné, de surimpression, de texture, de fond. Une trame carrée, fine et abstraite matérialise le lointain. Depuis le Carrousel et les Tuileries, le ciel sous l’Arc de Triomphe est tissé régulièrement. Il s’agit d’une mise au carreau du paysage.

 

Toile de fond qui n’arrive pas à cacher, à couvrir son arrière-banlieue. Qu’y a-t-il derrière le ciel ? Les nuages vont-ils se décomposer au rythme de l’architecture ? Le soleil et les nuages sont des formes figuratives lointaines, inaccessibles : elles appartiennent au réel, mais à un réel impalpable. Leur texture nous est visuellement inconnue. Et pourtant ici, ils deviennent construits, décomposés puis assemblés. Il n’est pas possible de les dissocier de la toile à laquelle ils appartiennent. Mais les fils de la trame sont difficiles à suivre. Plus ils se rapprochent de l’horizon, plus ils sont immatériels. Ils sont même gommés par endroit, comme un trait effacé par le temps, par l’altitude, par les nuages qui seraient devant au lieu d’être derrière. Ce dégradé renforce le caractère indissociable du support géométrique – abstrait et précis – et du sujet aléatoire – figuratif et flou.

 

L’horizon est construit. L’horizon est variable.

 

 

Jean Nouvel