Complexe portuaire de Tanger – MED

  • Tanger, Maroc
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La palette monochrome

 

Le projet, est un éloge de l’horizontale et du blanc, une prise de possession du territoire qui se veut unitaire, harmonieuse et en accord avec la géographie du site. Ici, l’écriture territoriale suit une règle avant tout sensible : des rythmes blancs sur le fonds naturel, des volumes purs sous la lumière crue tangéroise, des masses, des contrastes forts, la révélation du blanc, la protection de l’ombre : donner au port un caractère d’éternité, comme une réminiscence de la ville blanche, l’inscrire dans la modernité, le doter de tous les attributs technologiques contemporains et lui donner une âme, une identité puissante qui le singularise : le nouveau port de Tanger et nul autre, à l’image de Tanger et sa position stratégique sur le détroit de Gibraltar, à cheval entre l’Europe et l’Afrique, l’Atlantique et la Méditerranée, le chaud et le froid.

 

En échos à l’étendue bleue de la mer, celle blanche, régulière, ordonnée des hangars projetée suivant un phasage contrôlé, un système constructif intelligent, répétitif, modulaire qui respecte la topographie et ses contraintes ; en somme des règles de composition qui s’accommodent de n’importe quel dispositif logistique, qui le transcendent.

 

La gare maritime, comme une paroi et une dalle qui accueille les bateaux du monde entier.

 

La gare multimodale est conçue comme un grand espace libre, une forêt dantesque de poteaux abritant des activités de détente (restauration, commerce) et tous les systèmes de transport autant routiers que ferroviaires ; tout un monde sous une dalle épaisse blanche, massive, herculéenne : une dalle occupée en périphérie par des bureaux (35 000 m² au total en 2022) qui dessinent une figure à redents (libérant des patios ouverts au ciel et à la lumière) et dont le centre est tout entier dévolu au stationnement (2 500 places sur un système caillebotis ajouré et sous une pergola) hormis quelques trous ici et là, aléatoires, entaillés dans la dalle, permettant depuis le niveau bas des vues du ciel découpé en autant de bleus rectangles. Libérer ainsi le sol naturel, l’altérer le moins possible, donner aux fonctionnaires du port une vue depuis leur espace de travail surélevé et une accessibilité maximale en faisant monter les voitures au même niveau.

 

La capitainerie, autre figure de ce vaste territoire, qui elle-même se déploie non plus à l’horizontale mais à la verticale, comme une équerre dans l’espace, un signal blanc de béton armé à la peau travaillée dans une interprétation du moucharabieh.
Elle abrite deux plateaux de 400 m² et a été conçue sur les bases programmatiques de la capitainerie d’Algesiras et placée dans une position stratégique forte.

 

Ainsi, le site est investi de zones fortement architecturalisées, saturées d’une présence absente, ordonnées suivant des points de vue déterminés, qui jalonnent le territoire : belvédères ou équipements touristiques, cadrages privilégiés sur le paysage et le projet et prémisses d’un développement touristique futur.

 

 

Jean Nouvel