Grove Heights

  • Miami, États-Unis
Retour aux archives des projets

  • Slide 0
  • Slide 1
  • Slide 2
  • Slide 3
  • Slide 4
  • Slide 5
  • Slide 6
  • Slide 7
  • Slide 8
  • Slide 9
  • Slide 10
  • Slide 11

Nouvelle échelle, nouvelles sensations

 

Au cœur de Coconut Grove, le site du projet suscite aujourd’hui une question qui requiert une réponse circonstanciée. Évidemment, il faut utiliser cette situation pour développer des vues de chaque appartement sur la mer, le futur parc et les bateaux ! Mais pour que le plaisir soit total, il faut oublier les voisins encombrants, trop proches et trop perturbants visuellement, indiscrets, violant l’intimité des nouveaux habitants. Et il est nécessaire aussi de se protéger des voisins immédiats à l’intérieur même du projet. Hors le programme est dense et la stratégie délicate.

L’architecture naît des contraintes. Ici, intégrer chacune de ces contraintes et arriver à une architecture hédoniste et jubilatoire revient à trouver la solution d’un vrai casse-tête. C’est obsédant. Vous comprendrez donc que toute l’énergie a été consacrée à trouver une réponse qui fait à la fois du sens et du sensible. Je vous en propose une ambition, une stratégie, une réalité, nous l’appelons « Grove Heights ».

 

Cette ambition s’exprime dans une série de décisions, de positions :

  • Créer un paysage en écho à ceux du Grove.
  • Libérer un parc central, le plus grand possible, et organiser les appartements sur le périmètre du site.
  • Créer des appartements atypiques, des appartements coup de cœur à partir de situations très différenciées mais chacun, rappelons-le, avec une vue directe sur la mer.

 

Ces situations sont éclairées par la mise en place de dispositifs sensibles que l’on peut situer par les paradigmes suivants :

  • Montré/caché (premier plan/arrière-plan)
  • Soleil/ombre
  • Réalité/irréalité (reflet)
  • Dedans/dehors
  • Montré/caché

 

Une vue peut être composée. Des dispositifs ayant leurs propres expression et fonction viennent s’implanter en premier plan devant l’arrière-plan qui constitue la vue initiale. Depuis ses terrasses et façades vitrées, un appartement a, sur un long linéaire, une vision périmétrique :

  • Par de la végétation aux essences choisies évoquant les paysages du Grove.
  • Par des volets coulissants de grandes dimensions constitués de panneaux à lames orientables – vantelles en aluminium ou en matériau translucide.
  • Par un grand miroir coulissant sur la hauteur d’un étage.
  • Par la manipulation et la composition des trois dispositifs, les habitants de l’appartement décident de ce qu’ils regardent, d’où ils regardent et des lieux dont ils souhaitent se protéger visuellement.

 

L’ensemble de ces variations, en intégrant les jeux de lumière, crée l’architecture de Grove Heights.

  • Soleil/ombre
    Les ombres sont projetées à travers les persiennes et les plantes. Des ponctuations de lumières, plus ou moins diffuses, plus ou moins intenses, surgissent à travers des vantelles translucides ou réfléchissantes.
  • Réalités/irréalités
    Les miroirs coulissants, les vantelles, la façade de verre en grand modules de 3,30 mètres de hauteur multiplient les reflets, reflets de reflets du miroir précis au miroir vague qui, lui, efface les contours mais exprime les nuances colorées et les mouvements.
  • Dedans/dehors
    La frontière est ambiguë, effacée par le verre clair, présent ou absent en fonction de l’ouverture totale ou partielle du coulissant. L’espace terrasse peut être refermé par un mur de vantelles, un claustra constitué par les ouvertures différenciées des modules. Cette terrasse n’est ni dedans ni dehors, elle s’inspire d’une catégorie d’espace particulièrement recherchée dans l’architecture traditionnelle japonaise appelée « ma ».

 

Chaque appartement est fortement caractérisé.
L’ensemble de ces appartements est construit par les mêmes composants.
Les façades sont des jardins. Des jardins verticaux et profonds, des jardins toujours en variations, en surprises, ouverts telles des loggias rythmées par des persiennes, habitées par des essences multiples ou… vides. Lues en contre-plongée ou en fond de perspectives, les façades sont des paysages inconnus.

 

Prolongement du futur parc voisin, le parc de Grove Heights marie escaliers d’eau et végétation du Grove. Ce parc central s’étend jusqu’aux halls, la base des immeubles posés sur des pilotis et des terrasses végétales. Par les terrasses des appartements, il monte jusqu’aux decks, au sommet des immeubles.

 

En raison de la complexité du site, nous avons étudié deux hypothèses. Dans la première, Coconut Grove Bank est conservée dans sa position actuelle et est totalement intégrée dans le parc. Dans la seconde, la banque prend la place qui lui a été récemment assignée sur la 27th Avenue.
La stratégie est établie.
Les règles de composition des dispositifs sont clarifiées.
Une flexibilité est possible sur la largeur des appartements (1 mètre de plus égale 10% de surface en plus) et sur la distance avec l’hôtel voisin.

 

L’architecture s’affinera, se précisera ensemble, entre maître d’ouvrage et maître d’œuvre.
Grove Heights est une pièce urbaine mais aussi une « pièce paysage », héritière d’une histoire qui remonte aux anciens paysages du Grove. Réinterprétant l’échelle des immeubles d’aujourd’hui, elle propose de nouvelles sensations sous le climat de Miami.

 

 

Jean Nouvel